MYRRHE



La Myrrhe est l’une des essences les plus anciennes : elle est mentionnée dans des textes égyptiens datant de 2000 ans avant J.C. Extraite de la résine du Commiphora Burseraceae, elle est toujours utilisée en parfumerie fine : Serge Lutens, dans sa série de parfums des « Salons du Palais Royal » lui a consacré l’une de ses fragrances les plus somptueuses.

Les arbustes dont la hauteur varie de 1 à 6 m. poussent dans les régions de savane aride de Somalie, Ethiopie, Soudan et de la péninsule arabique. L’arbre se couvre à la fin août de fleurs blanches et vertes claires. Son tronc de 30 cm de diamètre environ se boursoufle de nœuds qui doivent être incisés pour que la résine s’écoule en petites gouttes jaunes. Une fois séchées sur l’arbre, ces « larmes » sont recueillies pendant les mois secs de l’été.

Cette matière première en elle-même très odoriférante – les Arabes l’utilisent traditionnellement en petits sachets pendus dans les armoires – est ensuite traitée pour donner le résinoide et l’absolu de Myrrhe. On la traite aussi en distillation à la vapeur d’eau pour obtenir l’huile essentielle. La myrrhe donne une note de fond très caractéristique, un peu amère – le nom vient de murr qui signifie amer en arabe – presque toujours utilisée dans les parfums traditionnels orientaux, prêtant aux notes de rose une sensualité particulière.

Cette sensualité n’avait pas échappé aux grecs qui en faisaient grand cas, l’utilisant même pour parfumer le vin : selon la légende Jupiter transforma son amante Myrrha – la mère d’Adonis - en arbuste odorant pour échapper au courroux de Junon . A Heliopolis, la ville du Dieu Soleil Ra, on brûlait des essences trois fois par jour pour marquer les étapes du cycle solaire : la myrrhe était l’essence brûlée à midi. Democrite la cite aussi comme l’un des principaux ingrédients du fameux Kyphi ( ou Khepri) égyptien. C’est encore la myrrhe, mélangée, au cassie qui servait à l’embaumement de l’estomac des momies. De l’Egypte, la tradition se transmit au peuple juif : la myrrhe est alors utilisée dans les rites de purification : Ester est purifiée à la myrrhe avant son mariage. Quand le roi Salomon conquit l’Arabie, la reine de Saba fit un voyage de 3000 km, que l’on qualifierait aujourd’hui de commercial, afin de garantir la route de la myrrhe et de l’encens. Ce sont aussi ces deux essences que tout naturellement les rois mages apportèrent du désert à l’enfant Jésus. La myrrhe est le premier parfum cité dans la Bible.

Avec les Grecs, la myrrhe devient enfin un parfum sophistiqué : il est le principal ingrédient de l’onguent appelé « mégalaion » et du « susinun » qui associe le Lis Rouge et la Myrrhe.